Dans sa définition initiale, l'effervescence est décrite comme le bouillonnement d'un liquide produit par le dégagement de bulles gazeuses selon l'introduction de certaines substances. Mais au-delà de cette réalité matérielle et physique, l'effervescence exprime également le bouillonnement d'une pensée lorsqu'elle s'inscrit dans les investigations conceptuelles et intellectuelles d'une démarche, qu'elle soit sociale, politique ou dans le cas présent artistique.
Paradoxalement cette série d'images, dans ce projet, concilie, met en scène et superpose ces deux références physiques et métaphoriques…
Un comprimé effervescent, extrait d'une production médicinale d'un des nombreux titulaires planétaires de l'industrie pharmaceutique, est fixé sur un support papier de 27cm X 34 cm.
Après l'avoir humidifié par un léger écoulement d'eau en s'assurant qu'il déborde et se répande de manière aléatoire sur la feuille, on injecte quelques gouttes d'encre sépia afin d'en faire naître et apparaître la géographie du hasard. Les surfaces tachées ainsi révélées dans leurs apparences suggestives offrent des configurations multiples afin que le spectateur, devenu patient médical, se les approprie et les interprète comme des tests de Rorschach.
En complément de cette géographie du hasard, les textes des notices médicinales sont écrits avec une rigueur extrême en énumérant et mentionnant toutes les informations prescrites.
Tout prend sens dans ce contraste du précis consciencieux face à l'aléatoire de l'incident chimique. Confrontation qui souhaiterait, à travers son assemblage provoquant, offrir au spectateur la capacité d'effectuer par son analyse intime une vision « effervescente ».
Claude Courtecuisse Mars 2019.